VIS MON JOB : 3 mois d'échange plus que bénéfiques !

Depuis quelques années maintenant, le pôle médico-social de la Fondation Hopale expérimente les « Vis mon job ». Ce système a été créé afin de permettre aux professionnels de partir quelques jours, ou plus à la découverte d’un autre métier ou d’une autre structure du groupe. L’objectif : observer et tester avant de se lancer dans une nouvelle formation ou se réorienter, prendre du recul, aller voir ce qui se fait ailleurs...
Aujourd’hui nous rencontrons Kévin, aide-soignant à la MAS Villa clé des dunes depuis 13 ans, et Charlotte, accompagnante éducative et sociale (AES) au FAM Villa normande depuis 18 ans. Tous deux ne se connaissaient pas et pourtant ils ont échangé leurs postes durant trois mois ! Un pas supplémentaire dans la démarche de « Vis mon job »
« Nos intitulés de postes sont différents mais nos missions sont similaires. Plutôt que d’observer ce qui se faisait dans l’autre structure pendant quelques jours, comme cela se fait parfois dans les Vis mon job, on nous a proposé de complètement échanger nos rôles ! », explique Kévin.
Prendre du recul, faire le point
S’ils ne s’étaient jamais rencontrés avant cette expérience, Kévin et Charlotte avaient tout de même des points communs quant à leur désir de changement.
« J’étais à bout de souffle, je me demandais même si je ne devais pas changer de métier... Madame Jourdain, la directrice, m’a alors évoqué cette possibilité de Vis mon job pour ne pas prendre de décision trop hâtive. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on nous a proposé une période de 3 mois, pour réellement avoir le temps d’analyser la situation », raconte Kévin.
« De mon côté, l’initiative vient de moi ! », complète Charlotte. « J’avais besoin de savoir où j’en étais professionnellement. Au bout de 18 ans dans la même structure, il y a un peu de lassitude et l’envie de casser la routine se faisait sentir, même si j’adore mon job. J’avais entendu parler des Vis mon job et c’est moi qui aie fait la demande », ajoute l’AES du FAM.
D’avril à juin, Charlotte et Kévin ont donc quitté leurs établissements, leurs collègues et les résidents auxquels ils sont attachés, pour intégrer une nouvelle équipe à quelques kilomètres seulement.
« Quand on arrive, on est accueilli comme les petits nouveaux, et même si on connaît le métier il y a tout à réapprendre et surtout à retenir. Ne serait-ce que les noms et prénoms des 48 résidents, leurs pathologies et leurs habitudes ! », détaillent les deux professionnels. « Et pour tout cela, 3 mois ce n’était pas de trop ! On a vraiment commencé à prendre nos marques au bout d’un mois. Et c’est seulement après qu’on a justement pu prendre ce recul sur la situation ».
Des craintes ? Bien sûr qu’ils en avaient ! « Ne pas réussir à s’intégrer correctement à l’autre équipe, ne pas retrouver la complicité que nous avions avec nos collègues... », énumère Kévin. Et Charlotte d’ajouter : « Et puis on a eu ce petit pincement au cœur de quitter nos résidents et la structure dans laquelle on évolue depuis tant d’années. J’ai tout appris au FAM, au bout de 18 ans je connais tout par cœur mais il fallait que je fasse cette expérience, c’était nécessaire ».
Retrouver confiance en soi
Trois mois se sont donc écoulés et l’heure est au bilan. Pour Charlotte, comme pour Kévin ce n’est que du positif !
Kévin a décidé de retourner à la MAS : « Je m’étais enlisé dans une routine et je me questionnais beaucoup sur mon métier. Est-ce que j’aime encore ce que je fais ! Le Vis mon job m’a apporté beaucoup de réponses. Oui, j’adore mon travail et j’avais juste besoin de retrouver confiance en moi et en mes compétences. Au bout de 13 années, nous avons des automatismes et on ne sait pas vraiment ce que l’on vaut. Maintenant je sais. J’ai choisi de revenir à la MAS pour des questions physiques. Les prises en charges au FAM et la configuration du bâtiment font que le travail y est beaucoup plus dur physiquement et je n’aurais pas tenu. Je tire d’ailleurs mon chapeau à tous ceux qui y travaillent, ils ont du courage ! »
Charlotte, quant à elle, a décidé de prolonger l’essai : « Je reste à la MAS jusque fin août et après on verra ! Ce qui est sûr, c’est que je suis bien ici. Si on me dit tu restes, je reste, mais il faudrait qu’un poste se libère... Dans tous les cas, cette expérience m’a fait ouvrir les yeux sur plein de choses, et comme Kévin, ça m’a permis de prendre beaucoup de recul et surtout de retrouver une confiance en moi, en mes capacités. »
Ce qu’ils ont retenu de ce « Vis mon job » : « On sait désormais qu’il ne faut pas tout remettre en cause, que le problème ce n’est justement pas notre job en lui-même, mais plutôt l’environnement parfois ». Ces trois mois vont également leur permettre d’être plus indulgents envers les nouvelles recrues, de soigner leur accueil et de leur laisser le temps de s’intégrer et de digérer toute la masse d’informations nécessaire pour travailler dans ce type de structure. « On va également pouvoir s’inspirer de ce qui se fait chez les autres, prendre les bonnes idées ! »
Vous l’aurez compris, ils recommandent cette expérimentation à tout le monde et envisagent leur avenir professionnel plus sereinement. « C’est une opportunité géniale, un bon moyen de casser nos certitudes, d’aborder les choses autrement... On le conseille vivement à tous ceux qui doutent ! »
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